lundi 26 avril 2010

Precious - Lee Daniels


Un film avec Mariah Carey et Lenny Kravitz ? - Mouais, pourquoi pas, je me suis dis. Surpris en bien. Sans doute parce qu’ils n’y tiennent pas le rôle principal déjà. Et puis parce que ce film sordide au possible est touchant, forcément : la pauvre Precious (Gabourey Sibide) dont il s’agit est noire, obèse, adolescente, enceinte et analphabète. Manquerait plus qu’elle soit belge et homosexuelle, comme dirait Geluck. A ce titre, on peut dire bravo au réalisateur qui parvient à nous faire sentir proche de cette masse mal polie et violente. Mais le film va plus loin que ça en nous montrant les aspirations de la jeune fille qui rêve de devenir une star : on plonge dans ses rêves délirants d’icône de la mode adulée, saisissants de contraste avec le glauque ambiant d’une réalité qui finit toujours par reprendre le dessus. Toute l’histoire est là : Precious apprend à s’évader de sa vie de merde en bossant un peu à l’école. L’écriture devient alors un moyen d’expression de sa souffrance. Elle s’émancipe et tente de remonter la pente, mais un contrecoup inattendu se met en travers de la route… Je n’en dirais pas plus.


On a ici affaire à un « petit » film d’auteur (avec quand même quelques stars pour assurer la promo, et Oprah Winfrey comme productrice, excusez du peu) qui fonctionne sur le même modèle que les blockbusters hollywoodiens, avec un cadre vu et revu, celui d’une école à problème et de sa prof salvatrice, tout en pouvant se permettre des envolées poétiques, quelques plans audacieux, et surtout une thématique sociale d’une noirceur peu commune dans les salles de cinéma. On ressort de là chamboulé mais content de vivre ici et pas à Harlem. En somme, c’est grâce à ce genre de film qu’on se rend compte de ce qui est précieux.

lundi 19 avril 2010

MGMT – Congratulations


Le duo d’électro alternative revient avec un deuxième opus moins pop mais plus psychédélique.


Après le véritable raz-de-marée déclenché par leur premier album, qui a propulsé leurs hits dans les séries télés, les jeux vidéos, les meetings UMP, et les 25 les plus écoutées d’iTunes des jeunes un tant soit peu tendance, voilà les deux hippies aux cheveux ondulés de retour dans les bacs. La leçon que ces sales gamins ont retenu de ce premier buzz inattendu ? Qu’ils pouvaient prendre plus de libertés artistiques en poussant leur délire à fond. Résultat : moins de tubes FM et des chansons qui peuvent durer jusqu’à 12 minutes de changements de rythmes impromptus qui tiennent debout on ne sait comment. C’est là toute la magie d’MGMT, sur un album plein de surprises avec des passages à couper le souffle dissimulés dans un brouhaha old school qu’on a du mal à appréhender dans sa totalité. Ces garçons ont trop d’idées, et ils nous en font profiter.
MGMT sont des grands enfants qui ont trop tirés sur le kéké en jouant à la Sega. Cet album est la manifestation de leur syndrome de Peter Pan, qu’ils assument parfaitement par les mélodies sûres et posées qui apparaissent par intermittence au milieu de leur délire kaléidoscopique.
Dès le départ, on apprécie le rythme soutenu de la batterie avant de se laisser bercer par l’ambiance maison hantée des clavecins pour finalement se laisser emporter par des envolées lyriques lunatiques qui passent en deux temps-trois mouvements du mélodrame à l’insouciance juvénile. On regrettera toutefois un côté très comédie musical vite énervant.


Le duo opère au final un bon management, avec une seconde galette pour laquelle on ne peut que les congratuler.