lundi 31 janvier 2011

Dye It Blonde - Smith Westerns

Ils sont quatre et ils ont l’âge de mon petit frère. Ils débarquent de Chicago et ils ont fait la première partie de GIRLS lors de leur dernière tournée. Et voici qu’ils viennent de sortir un album qui vous fera danser tout seul dans votre cuisine.


Les Smith Westerns, je les connaissais seulement par quelques vidéos qui buzzaient sur la toile. En fait, les mecs avaient déjà enregistré un LP dans leur cave, dont le spectre sonore très lo-fi laissait entendre un sens inné de la mélodie dissimulé derrière un brouhaha de guitares saturées de reverb (Girl In love, Be My Girl). Bref, un agréable mélange de sonorités garage et d’envolées pop qui les a rapidement fait passer du bal de promo aux tournées effrénées dans toute l’Amérique. On attendait plus que l’album, le vrai, pour voir si les gamins avaient la carrure pour tenir la longueur.


Et à la première écoute, c’est l’effet kiss cool, on se sent envahit par un vent de fraîcheur infini. On n’avait pas connu ça depuis le dernier MGMT. Les tubes s’enchaînent sans temps mort, les refrains font taper du pied, et la structure des morceaux réserve quelques bonnes surprises. On assiste à une déferlante d’échos dont ressort surtout une ligne de chant qui fait penser à Beach House en moins chiant (Fallen In Love), ainsi qu’une guitare solo omniprésente, qui imite parfois la voix de tête pour mieux s’en détacher à la mesure suivante (Imagine, pt. 3), le tout sur un fond de clavier et de chœurs un tantinet mielleux qui contribue à l’étonnante impression de légèreté dégagée par l’ensemble du CD, pur et fragile comme un papillon tout juste sorti de son cocon.
Ça en serait presque écoeurant, si ce n’était pas parfaitement assumé et mine de rien plus profond que ça en a l’air. Les Smith Westerns ont cette incroyable capacité à dire les choses avec une simplicité ingénue : Everybody wants to be a star on saturday night; Weekends are never fun unless you’re around here too;  All die young…
En soi, une poésie qu’on ne retrouve que gravée sur les arbres de la cour de récré. Bref, rien d’autre dans les textes que les saines préoccupations de tout adolescent qui se respecte, à savoir les filles et les weekends bien arrosés. Oui mais voilà, tout cela est chanté avec la terrifiante mélancolie d’une jeunesse post-moderne trop désabusée par le divorce de ses parents, la guerre en Irak et le porno sur Internet pour croire en autre chose que l’amour sans lendemain.
Il faut voir cet album comme les traces d’une utopie qui n’aura jamais d’autre existence qu’en format MP3.


Plus imaginatifs que les Drums, moins barbapapa que les Magic Kids, les Smith Westerns s’inscrivent finalement bien dans cette nouvelle scène indé américaine qui propose un rock à tendance androgyne, enfin libéré de ce détestable besoin beauf de prouver sa virilité qui obture trop souvent le devant de la scène. Espérons simplement que le guitariste se paye une nouvelle pédale d’effet avec les bénéfices, et alors qui sait à quel cri du cœur nous assisterons la prochaine fois.


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